samedi 6 août 2011

Toulouse autrefois moi

6 août 1408
 
Sur la place Dupuy, que des rues sales inondent, les manants, les colporteurs, les vendeurs d'eau, plient leurs affaires.
Au soir, aux cris des liseurs de nouvelles, des diseurs de ragots, la danseuse aux pieds nus entame un dernier chant.
Au centre de la place, un cavalier sans arme ni monture, assis sur le rebord du puits, la regarde.
Il a faim. 
Il plonge le bras dans sa besace, en tire l'ultime repas qu'il prendra là, en écoutant la mélopée.
Dans un dernier mouvement, elle se rapproche de lui, balance son corps, sa chevelure, tout près de son visage. Puis, un pas souple l'éloigne, offrant la courbe de son dos aux regards de l'inconnu.
Elle retourne la tête, le fixe du regard comme une invitation.

La nuit tombe... Le cavalier attend son heure.
 
A celle du couvre-feu, on entend les appels du veilleur. Dans toutes les artères, il couche les flammes. L'ombre s'étend sur la ville, les rues plongent dans l'obscurité, abandonnées aux brigands. Son dernier rendez-vous, sa dernière chandelle : celle du puits sans fond, sur la place.
Le veilleur rejoint l'homme au cheval ailé.
" L'heure est venue, cavalier. La réalité revient au galop. Fais ton office !
Le cavalier du vent ne le regarde pas.
- Veilleur ? Seuls les corps peuvent se toucher, n'est-ce pas ? J'ai effleuré sa joue. Je n'aurais pas dû. Mon rêve se...
- Fais ton office. L'heure est venue !"
 
Dans la nuit pleine, le cavalier s'élance et entre dans la chambre à travers la fenêtre.
Il regarde le tableau. Elle dort.
Sur la table, il ouvre le cahier qu'elle a refermé, allume la bougie, prépare plume et encrier.
Il voudrait dormir avec elle, dans ses rêves. Et quand elle sera vieille, très vieille, mourir dans sa tombe, et l'aimer.
Un bruit, elle se réveille...
Le cavalier disparaît. La flamme vacille.
Elle a envie d'écrire, encore.

2 commentaires:

  1. ... ha les amours au 15 ème, t'en souviens t-il mon bon vieux ?... :P


    (et psssit monsire le roy des lieux, moi, la gueuse, me hasarde à croère que dans la fin du récit "et quand elle sera vieille", ça la péterait un poil plus mais c'est toi qui voylles monsire !...)

    RépondreSupprimer
  2. @ LH : c'est rectifié gente dame... C'était une tentative de conditionnel (illusion qu'elle ne vieillirait peut-être pas) qui ne passe pas trop ;-)

    RépondreSupprimer