mercredi 29 juin 2011

Trop bon trop con

A peine sorti de chez le médecin, chez qui je m'étais rendu en raison de céphalées localisées sur ma tempe gauche, je me dirige vers la borne de paiement du parking en vue de régler mon dû.
Je stoppe net. Au même instant, une voiture entrait juste devant moi.
La barrière métallique se soulevait et je fis signe de passer à la jolie dame qui conduisait le véhicule.
Elle passa, je trépassa. La barra rouge et blanche retomba.
Choc inévitable sur ma tempe droite.
Question équilibre, la nature fait bien les choses, je ne sens déjà plus le côté gauche de mon crâne.

samedi 25 juin 2011

le carnet des pensées

Comme je dois tenir à jour ce blog des pensées ou humeurs marrantes ou pas marrantes qui me traversent l'esprit au jour le jour, et bien que totalement confiant en ma mémoire, cependant, connaissant la furtivité de mes états d'âme, je me suis acheté un petit carnet spécial afin de ne pas le confondre avec celui des soucis.

J'étais au supermarché. Fallait qu'il soit joli, mon carnet, pour l'attraper avec entrain et saisir tout ce que ces instants de joies si fugaces pouvaient m'inspirer. Alors, j'en ai pris un sympa, avec un élastique pour le fermer, et un petit ruban rouge en garde page - et non pas marque-page comme on dirait communément. Les siennes, de pages, sont en papier Canson. Il n'en a pas plus de soixante-dix, ce qui vous donne une idée de la durée de vie de mon blog.
Bref, le truc chouette, qui paraissait de qualité. L'emmerdant, au magasin, c'est que je ne trouvais pas son prix. Je l'ai quand même jeté dans mon caddie, évaluant l'objet à trois euros maximum.
Ça n'a pas loupé. Ce qui devait arriver arriva. A la caisse, il n'avait pas non plus son code à barres. Il commençait à m'emmerder.
" Sylvianne! Tu peux aller vérifier le prix de cet article, s'il te plaît ? A crié la caissière à l'employée qui s'affairait à ranger les rayons."
   
Non seulement il m'a fait poireauté, impatienté les clients derrière moi, mais en plus, Sylvianne à rapporté un huit euros net, franc, et massif. Putain! Je l'ai gardé, il m'avait déjà trop coûté.
Mais vous imaginez ? Là, ce billet me bouffe deux pages, deux rectos plus un verso. Si je compte bien, ça vous fait du cent quarante rectos ou versos à huit euros. Pour être plus pratique, du zéro virgule zéro six euro le recto. Ce billet que je poste me coûte zéro virgule dix-huit euros ! Ça vaut cher, sachez-le; j'espère que vous en prenez bien conscience!
(De mon côté, va falloir que j'évite d'écrire des inepties...)

lundi 20 juin 2011

échouer

Il faut avoir le courage d'écrire.
Quand je lis trop de belles pages, trop de récits captivants, trop de beaux romans, je ne vois plus les lignes noires, ni les mots, ni les caractères qui les composent; je suis emporté loin de chez moi, loin de mon monde, je traverse des territoires inconnus, éprouve tant de sensations inespérées, je me souviens, je me crois souvenir.
Il faut avoir le courage d'écrire, de ne voir que du blanc, que du noir. Jeter l'encre, et avoir l'espoir.

jeudi 16 juin 2011

La poupée à soucis

J'ai acheté une petite poupée à soucis à ma fille. C'est une figurine en tissu qui ne doit mesurer pas plus de cinq centimètres environ. 
Il paraît que chez les mayas, les enfants qui avaient des soucis, les confiaient à leur poupée. La nuit, avant de s'endormir, ils plaçaient la poupée sous l'oreiller, et le lendemain, elle avait absorbé les soucis; et de fait, débarrassé l'enfant de ses tracas.
" Tu te fous de moi? Me dit ma fille, en observant attentivement l'objet mystérieux.
- Tu n'y crois pas?
- Tu veux rire! Me répondit-elle aussi sec."
Je lui expliquai en effet que, pendant la nuit, la poupée exerçait son influence à travers l'oreiller sur les neurones endormis et vulnérables. Qu'au matin, ma petite se réveillerait l'esprit dégagé de tout tracas.
Je l'ai amusée plus qu'autre chose; il y a bien longtemps qu'elle ne croit plus à la petite souris qui passe pendant la nuit. Évidemment, elle ne perd plus de dents maintenant, sinon elle y croirait encore, j'en suis persuadé.

Chez les adultes, il y a aussi - et surtout chez les hommes, le principe de la poupée plus volumineuse que l'on met dans son lit.
A toute heure de la nuit, on peut la déranger en lui disant :
" Chérie, réveille-toi, j'ai un souci urgent là!
- Laisse-moi dormir, merde...
- Chérie! Allez! Touche le un peu, au moins.
- Hmm... T'es un salaud!"
Ça marche aussi. Tout dépend de l'humeur de chacun, bien entendu.

Il existe aussi le principe du carnet à soucis. Il paraît que ça fonctionne très bien. Chaque fois qu'on a un problème, il suffit de l'écrire sur une page du carnet. Déjà, on a l'impression de se sentir déchargé. Puis, on referme le carnet. D'une part, le souci semble emprisonné, et par conséquent inoffensif; d'autre part, plus besoin d'y penser puisqu'il est bien conservé.
Une semaine plus tard, lorsqu'on reprend la lecture du carnet, on s'aperçoit que la plupart des soucis n'en sont plus. Soit qu'on accordait une importance démesurée au problème, ou bien qu'il se soit résolu entre temps sans notre intervention; encore possible, qu'on ait agit nécessairement en vue de sa résolution.
On peut alors arracher les pages du carnet, le déplumer de ses soucis envolés.
J'ai essayé cette méthode. Il ne me reste plus qu'à patienter et laisser filer la semaine.
Sur la première page du carnet, j'ai écrit : "faut que j'aille voir ma mère..."

samedi 11 juin 2011

Faut que j'aille voir ma mère

Faut que j'aille voir ma mère. Ça fait trop longtemps que j'y suis pas allé. Non, le problème c'est pas que c'est loin, je suis à peine à quinze minutes en voiture. C'est juste qu'il faut que j'y aille. Le coup de pied est parti, c'est le temps qu'il m'arrive au bon endroit, et top départ. Mais j'ai le boulet au pied. Non, ce qui me retient c'est qu'avec elle c'est tout ou rien, et plus souvent rien que tout, d'ailleurs. C'est son moral, ça ne va pas, et du coup sa santé en pâtit. Quand elle est pas bien, elle parle plus, elle dit plus rien, elle souffle, elle est désespérée, elle se fait du souci pour tout et pour tous.
J'ai tout essayé. Quand j'y vais, je la traîne à quitter sa retraite pour une promenade. "Tu devrais sortir plus souvent, t'aérer, ça fait du bien tu sais, je lui dis.
- Je sais. Le docteur me le recommande tout le temps."
Mais rien n'y fait, ni le beau temps, ni ma présence. Ma mère, on dirait qu'elle a mis tous les maux de la terre dans un sac et  qu'elle se le porte sur le dos, toute courbée. Le problème c'est que je dois l'aider à porter son fardeau. C'est pas que je sois pas compatissant, ni volontaire, ni moins humain qu'un autre, c'est que c'est lourd et que chaque fois j'en reviens plus mal en point qu'avant d'aller lui rendre visite. J'avoue que je ne suis pas spécialement en forme ces temps-ci et c'est encore plus difficile pour moi. Surtout lorsqu'elle me sert du : "ah, mon pauvre, qu'est-ce qu'on va faire si tu vas pas mieux?" Elle se dépite, se désespère, remplit son sac, et plus je l'entends me plaindre et plus l'angoisse me prend, l'envie de partir : c'est toujours comme ça. Si je ne vais pas la voir, je culpabilise, c'est ma mère quand même!
A d'autres périodes, qui sont beaucoup plus rares, elle est complètement euphorique. Quand elle vient chez moi, elle me dit :"Comme il est beau le jardin !
- Oui, hein.
- Tu es bien ici.
- Oui maman.
- Elles sont belles tes roses.
- Oh oui.
- Tes tomates sont magnifiques!" Et des tomates elle passe à moi : "comme t'y es beau mon fils!" Ma mère est pied-noir. Là, elle tient plus en place, veut tout visiter, voir tout le monde. Tout son passé de jeune femme ressurgit et elle raconte tout, des histoires cent fois répétées. La nuit elle ne dort plus, trop d'images encombrent encore son esprit, trop de sentiments qui refleurissent, trop d'excitation. Et peu de temps après, c'est la rechute.
J'ai appelé sa psy. Tout est question de dosage, m'a-t-elle expliqué. Et avec votre maman, ça n'est pas évident à régler. Je sais que tout se tient au quart de médicament près, c'est fou.
Avec ses cent kilos, ma mère tient sur un fil, qui sous le poids, courbe les poteaux et tous les étais qu'on s'évertue à ajouter. Comme le disait le bouddha à propos du violon : "une corde trop tendue casse, une corde pas assez tendue ne sonne pas." Ah, les sanglots longs des violons de ma mère...

mercredi 8 juin 2011

Un carnet

Un carnet.Un carnet pour écrire les petites choses qui se passent tous les jours. Peut-être.
J'ai toujours eu l'impression que tous ces jours se suivent et se ressemblent. Inlassablement. Pourquoi un carnet, alors?
Remarquez, finalement ça n'est pas vrai. Pas tout à fait. Il y a parfois des trucs drôles qui arrivent. Et des moins drôles aussi. Oui. Pourquoi pas, de toutes façons.
 "De toutes façons..." : ça me fait rire. J'ai des expressions que je répète comme ça, inlassablement - je sais, je ne devrais pas faire de répétitions pour souligner ou assimiler une chose à l'autre. Ou des mots, comme ça, que j'emploie trop souvent : "ça, ça, ça, ça, ça". Ça me plaît, j'y peux rien, j'ai des mots tics. Vous n'avez pas de mots-tics, vous? Ben merde! Moi si.
Faut que prenne garde à ne pas trop saturer ce "carnet" d'inepties. C'est emmerdant de lire des inepties. Sans doute.
Un carnet. Pourquoi pas, de toutes façons...
Je pourrais y écrire ce qui me passe par la tête, les idées qui défilent comme des nuages sur un ciel bleu. Mais pas des idées grises. Non. Ce qui me fait sourire aussi, ces rayons de soleil qui traversent nos journées, ces moments drôles qu'on oublie trop vite, ces images fugitives, scènes originales qu'on prend plus le temps d'observer. Le temps, peu m'importe.
Un carnet... Allons-y...