mercredi 24 août 2011

Dialogue de sourds

Au lendemain de l’inauguration, la grande salle d’exposition était déserte. Tout près du silence, caché dans l’ombre, l’élève attendait.
Derrière sa toile, le maître regardait son œuvre paralysée. L’instant d’un soupçon, sur un regard illusoire, il s'entendit lui parler.
Pendant tout le temps des visites, le peintre muet avait attendu patiemment. Mais comme il ne pouvait rien dire, sans se montrer, il avait observé les visages étonnés, les lèvres mouvantes, adressant au tableau les mots qu’il devinait pour lui.
Ce qu’il voulait, c’était savoir ce que la peinture répondait. Il ne supportait plus que ses toiles l'ignorent; qu’elles seules, sans lui, puissent toucher tant de cœurs.
Il avait face à lui, un miroir sans tain. Pas même un reflet, pas d'écho.  Du vide. Une absence dense, présente, étouffante. Il le ressentait, l’œuvre résonnait de syllabes inédites, d'associations de sons venus d'ailleurs.
Dans l'obscurité, l'enfant n'osait bouger. Il était captivé. S'il se montrait, le maître le surprendrait, et tout redeviendrait normal  sous ses ordres.

9 commentaires:

  1. tu sais quoi tu m'as appris comment on écrit 'miroir sans tain !" merci m'sieur vais me coucher moins bête !

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  2. @ LH : Alors, c'est déjà ça ! Te couche pas si tôt, il reste une journée à revivre ;-)

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  3. Quand l'oeuvre prend son autonomie, l'artiste se retrouve désemparé.
    Intéressant ce regard de spectateur de spectateur !

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  4. on entends comme un bruit qui court
    http://www.youtube.com/watch?v=SiqU7DBa47w
    cres

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  5. @ saravati : ça arrive ? tu vois pas qu'on se fasse peindre ;-)

    @ cres : retour en forme ! yehh
    j'écoute ta zic demain là c 1h06 du mat... dodo

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  6. Très beau texte. On découvre qu'à travers le regard de l'élève se cachent toute la magie et la beauté de l'oeuvre! Bravo.

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  7. @ cres : du rap, du reggae, on sait pas! les deux ;-) paroles très sympa, beau message. gem ça. merci

    @ Delvina Lavoie : trop (merci) ;-) j'ai mélangé trois points de vue sur un texte court : celui de l'élève, celui du maître, et celui des toiles qui est très osé. C'est risqué ce genre d'effet car trop compliqué à suivre (à la lecture) (en général il faut respecter un point de vue unique). Mais ça renforce le côté irréel et le lecteur finit par opter pour son point de vue. Tu as choisis ici celui de l'élève : c'est peut-être le plus dense ;-)

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  8. la communication n'est pas toujours simple!!

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  9. @ Tootsie : comment ? ...
    Tu dis ?
    ;-)

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